A l’occasion du #centenaire des #24heuresdumans qui sera célébré les 10 et 11 juin 2023, rappelons que cette ville fut également celle d’Antoine de Saint-Exupéry, qui y séjourne de 1909 à 1915 !
La famille de Saint-Exupéry habitait Lyon où le père, Jean de Saint-Exupéry, était inspecteur d’assurances. Le père de Saint-Ex étant mort brutalement en 1904 en gare de La Foux (Var), sa jeune veuve, mère de 5 enfants (3 filles et 2 garçons) se retrouve seule et pratiquement sans ressources ; cependant elle peut compter sur une tante fortunée, Mme de Tricaud qui va l’héberger dans son manoir de Saint-Maurice-de-Rémens, dans le Bugey (Ain), près de Lyon. Pour les vacances la famille d’Antoine fréquente aussi un château en Provence appartenant à la famille de sa mère. Antoine, né en 1900, vit dans un milieu majoritairement féminin qui, outre sa propre famille, compte une jeune professeur de musique et deux gouvernantes. Antoine grandit dans un environnement affectueux et indulgent pour les bêtises des garçons. Avec son frère François, il partage une vraie complicité et une immense confiance en son « alter ego » qui le confortent dans le sentiment qu’ensemble on est plus fort.
Cependant sa mère, pensant que cette vie dans ce havre bugiste est trop douce pour des garçons et désirant les éduquer dans des valeurs masculines, décide de partir en 1909, sur la requête de son beau-père, pour #lemans où il réside. Ce dernier, Ferdinand de Saint-Exupéry leur loue une maison à proximité de la sienne.
Au Mans se trouve l’un des collèges les plus réputés de France : le collège ND de Sainte-Croix, établissement jésuite. Là, Antoine se retrouve dans un monde à l’opposé de ce qu’il a connu : sévérité, ordre et discipline, des méthodes auxquelles il va s’adapter plus ou moins docilement.
Dans ce milieu scolaire exigeant quant aux performances et au formatage intellectuel il souffre, n’est pas très bon élève, ne brillant qu’en français et en latin. Il obtient un prix de narration française en classe de 3ème pour « L’odyssée d’un chapeau haut-de-forme » ainsi qu’un accessit en dessin. On le surnomme « Pique la lune », à cause de son nez retroussé (ou de son esprit rêveur et distrait ?). Il n’aime pas.
Intelligent et autonome, il ne travaille que les matières qui l’intéressent ce qui ne l’empêchera pas d’avoir son baccalauréat à 17 ans. Il a passé beaucoup de temps dans la maison de son grand-père, rue Pierre Belon, au Mans, voisin du Jardin des Plantes où Antoine adore se promener et observer la nature.
Les enfants ayant besoin d’admirer des héros aventuriers, initiateurs de grandes épopées, voilà qu’en décembre 1908 avait débarqué au Mans Wilbur Wright qui avait réalisé en 1903 avec son frère Orville le premier vol motorisé aux Etats-Unis. Wilbur Wright a été invité au Mans par le constructeur automobile manceau Léon Bollée afin d’y faire une démonstration des possibilités de leur appareil. Il utilise le champ de courses du Mans pour cette manifestation attirant une foule nombreuse dont des élèves de Sainte-Croix. Wilbur Wright remporte ainsi en septembre 1908 la Coupe Michelin et le Grand Prix de l’Aéro-club de France.
Voilà de quoi alimenter les conversations entre élèves dont Antoine ; on y parle de pilotage, d’ailes, d’hélices…tout un univers nouveau qui s’ouvre à eux et déclenchera des vocations dont celle d’Antoine de Saint-Exupéry qui, durant ses vacances dans le Bugey, court avec son frère admirer les aviateurs qui viennent se poser dans un champ voisin, à une heure de vélo du château. C’est là en 1912 qu’il fera son premier vol avec un de ces aviateurs, Wroblewski. Le virus est contracté.
La guerre de 1914 éclate. Antoine revient au Mans pour la dernière année car sa mère, devenue infirmière à Ambérieu, a décidé de s’installer dans le Bugey. Elle inscrit ses fils dans une école religieuse suisse près de Fribourg qui y trouvent une ambiance bien différente de celle de Sainte-Croix. Antoine y découvre la valeur et la raison des matières enseignées, notamment les mathématiques et les langues où il va bientôt exceller. La période mancelle s’est donc achevée pour lui en 1915 mais son séjour dans cette ville sarthoise le relie par sa formation rigoureuse à d’autres influences intellectuelles qui formeront le futur pilote et immense auteur que l’on connait.